Soins - Sérum à la vitamine C de The Ordinary (Ascorbyl Tetraisopalmitate Solution 20%+Vitamin F)

Aujourd'hui je fais ma toute première revue d'un sérum à la vitamine C. Enfin pas vraiment puisqu'il s'agit d'un dérivé de vitamine C. Mais si comme moi vous avez une peau réactive ou une barrière cutanée qui a tendance à partir en sucette, le sérum dont je vais parler peut vous intéresser, car il s'agit d'un dérivé au potentiels effets quasi équivalents à ceux de la "vraie" vitamine C.

A quoi sert la vitamine C exactement?

Aaaah la vitamine C! Sacré chapitre quand on s'intéresse au skincare. En gros ce qu'on entend le plus souvent c'est que la vitamine C est l'un des 3 piliers de la lutte anti-âge (avec les rétinoïdes et l'écran solaire). Mais pourquoi?

C'est l'un des antioxydants les plus abondamment présents dans notre organisme. Elle permet de protéger nos cellules contre les UVA et les UVB (ce qui ne dispense pas d'utiliser un filtre solaire, soyons clairs). Sa présence en application topique (sur la peau) va avoir un effet boostant sur la production de collagène et un effet inhibiteur sur la mélanogenèse (qui est le phénomène de synthèse des pigments de nos cellules, qui induit l'apparition des tâches pigmentaires). En résumé: elle est donc anti-âge, antioxydante et éclaircissante, car elle peut diminuer l'apparence des tâches pigmentaires en plus de prévenir leur apparition.

Les désavantages de la vitamine C

Il n'y a qu'une seule vraie vitamine C, il s'agit de l'acide l-ascorbique ou L-AA. Cette molécule est hautement instable et s'oxyde très rapidement si elle n'est pas formulée dans la bonne base au bon pH. Et même dans une formulation correcte, sa durée de stockage (en anglais "shelf-life") est souvent limitée aux alentours de 2-3 mois.

L'oxydation est un phénomène chimique qui se produit quand la molécule l-ascorbique entre au contact de l'air, elle perd alors 2 atomes d'hydrogène, ce qui la convertit en acide déhydroascorbique (DHA) qui n'a plus rien d'antioxydant. Le but recherché est donc que la molécule L-AA reste le plus stable possible (en évitant les changements de température, l'exposition aux UV et le contact à l'air libre). Une fois sur la peau, elle va pouvoir faire son travail d'antioxydant en contrecarrant l'effet des radicaux libres qui agressent notre peau (générés par la pollution dans l'air, les rayons UV, le stress...). 

Pour que l'acide l-ascorbique reste stable, il faut tout d'abord qu'il soit formulé dans une base aqueuse, avec un pH en dessous de 4 (dans l'idéal entre 2.6 et 3.2). Au dessus de ça, la molécule s'oxydera complètement et sera inutile. Pour aider à stabiliser la molécule d'acide l-ascorbique, on peut lui adjoindre d'autres actifs comme l'acide férulique, la vitamine E ou le glutathione. C'est pourquoi il est toujours appréciable d'en trouver dans la même formule que l'acide l-ascorbique. Il n'est pas rare non plus de trouver des dérivés de vitamine C, qui vont soutenir son action antioxydante tout en étant beaucoup plus stables chimiquement parlant (mais dont l'action est moins étudiée en revanche). 

Un autre moyen de préserver la fraîcheur et l'efficacité d'un sérum à la vitamine C est tout simplement de le garder au frais et éloigné de la lumière du jour pendant toute la durée de son utilisation.

A quoi ressemble un sérum à la vitamine C qui s'est oxydé?

Un sérum à base de vitamine C se présente généralement sous la forme d'un liquide transparent aqueux. Il possède une odeur bien particulière que certains décrivent comme une odeur de hot dog. Il se peut que le sérum soit de couleur légèrement jaune dès son ouverture. Pas de panique, cela ne signifie pas que le produit soit périmé. En revanche, lorsque le liquide commence à avoir une couleur orange foncé voire brune, alors là, il vaut mieux arrêter de l'utiliser. 

Le packaging a son importance aussi. La plupart des sérums de vitamine c se présentent sous forme de petit flacon (30 ml) avec une pipette et en verre teinté (pour éviter le contact avec les UV). Il en existe aussi avec une pompe airless, ce qui empêche le produit d'entrer en contact avec l'air. En tous les cas, il faut impérativement que le flacon se visse parfaitement sous peine de voir le produit s'oxyder bien avant les 3 mois d'utilisation.

Les dérivés de la vitamine C

Outre son instabilité et sa courte durée d'utilisation, la vitamine C peut induire de l'irritation voire carrément une intolérance sur la peau. Après tout il s'agit d'un principe actif. Dans le cas où on souhaite bénéficier de ses avantages sans les inconvénients, on peut alors se tourner vers des dérivés d'acide l-ascorbique (vous les trouverez listés en toute fin d'article).

L'avantage des dérivés de vitamine C est qu'ils peuvent être formulés à un pH plus haut (donc moins irritant pour la peau) et dans une base de crème ou d'huile, ce qui permet de les intégrer dans de nombreux produits. Cependant, leurs effets sont beaucoup moins étudiés que ceux de l'acide ascorbique, souvent uniquement in vitro (ou sur les animaux, ce qui n'est pas pareil que sur l'homme). 

De façon générale, les dérivés d'acide ascorbique sont plus stables donc on peut les intégrer facilement à sa routine sans craindre de contrecarrer les effets des autres actifs ou de provoquer une irritation. C'est d'ailleurs pour cette raison que les marques intègrent bien souvent des dérivés de vitamine C dans leurs sérums ou leurs crèmes (sans préciser qu'il s'agit de dérivés et non d'acide l-ascorbique!).

De manière générale on peut dire qu'une crème ou une huile sur laquelle est précisé "vitamine C" ne contiendra qu'un dérivé d'acide ascorbique. De même si il s'agit d'un sérum contenant du rétinol ou des peptides (car ces actifs sont formulés avec un pH bien supérieur à 4...).

J'en viens au sérum du jour: L'ascorbyl tetraisopalmitate de The Ordinary



Inutile de présenter ici la marque The Ordinary tant elle a eu un essort considérable depuis plus d'un an sur les réseaux sociaux. Mais soit... Fondée en 2013 au Canada par la compagnie Deciem, The Ordinary est une marque qui se veut financièrement accessible, offrant de nombreuses formules simples et sans chichi avec des principes actifs reconnus. Leur grande innovation (qui depuis a été reprise par de nombreuses autres petites marques): au lieu de nommer les produits selon ce qu'ils sont sensés faire, ils sont nommés en fonction de leurs ingrédients et/principe actifs. Un masque désincrustant devient alors un masque à l'acide salicylique 2%, un sérum hydratant devient un sérum à l'acide hyaluronique 2% + vitamine b5, etc...

Leur gamme de soins à base de vitamine C couvre ainsi un très large éventail de formules à base d'acide l-ascorbique et de ses différents dérivés. On compte pas moins de huit produits différents qui vont du sérum aqueux en passant par des huiles et une crème-émulsion, sans oublier la poudre de L-AA à mélanger soi-même dans sa crème hydratante.

J'ai testé 2 de ces produits, dont l'un ne m'a pas convenu du tout. Il s'agit de l'Acide Ascorbique 8% + Alpha-Arbutin 2%. La formule était - comme souvent chez The Ordinary, car c'est un ingrédient économique et stable - dans une base de propanediol qui, sans être une huile, en a la texture et le rendu. Je trouvais donc ce sérum un peu compliqué à englober dans une routine comme la mienne, en sachant qu'un sérum à la vitamine C devrait en principe être appliqué en début de routine (avant les autres sérums). Mais ce produit trop gras à mon goût me laissait un visage luisant et l'impression que mes produits hydratants sous forme de sérum aqueux ou de gel ne pénétraient pas ne m'a pas quittée. J'ai donc abandonné ce sérum...

J'ai par la suite essayé d'autres sérums à base de L-AA d'autres marques et puis ma peau a décidé de tout envoyer balader et j'ai dû stopper tout sérum un tant soit peu trop agressif. Ce n'est que depuis quelques semaines que j'ai pu réintégrer quelques actifs (qui se comptent sur les doigts d'une main): à savoir l'acide azélaïque, le rétinol, le niacinamide et... l'ascorbyl tétraisopalmitate.

Texture et formulation

The Ordinary présente Ascorbyl tetraisopalmitate 20% Solution in Vitamine F comme étant stable, léger (s'absorbant entre 1 et 5 secondes), avec une efficacité haute et un risque d'irritation faible. Il se présente sous la forme d'un sérum transparent très liquide qui disparaît instantanément la peau. Si ce n'est le léger effet satiné qu'il laisse sur la peau, on pourrait penser qu'il s'agit d'un sérum aqueux. Mais non, il ne contient d'ailleurs pas d'eau.

La formule est à base d'un alkane d'huile de coco, une forme extrêmement volatile de solvent qui n'a pas pour vocation de pénètrer la peau mais de s'en évaporer. C'est ce qui fait que la texture du sérum est si rapidement invisible sur la peau. On le retrouve souvent associé à du Coco-Caprylate/Caprate pour remplacer un silicone bien connu : le cyclopentasiloxane. La sensation de ces deux éléments combinés va donner un fini sec et légèrement satiné à la peau. Et je confirme, pas de résidu si ce n'est un effet doux sur la peau après application. 

En seconde position dans la liste on retrouve le fameux dérivé de vitamine C, dosé à 20%. Cela peut paraître un haut pourcentage (les sérums à base d'acide l-ascorbic tournent généralement autour des 10-15%), mais la raison est tout simplement qu'il est beaucoup moins irritant pour la peau. Ensuite on retrouve la vitamine F sous forme d'ethyl linoleate qui est un acide gras essentiel riche en oméga 6 qui va avoir un rôle de protection et d'entretien de la barrière cutanée (et je lui dis merci pour ça!). La seule véritable huile du sérum est l'huile de jojoba qui va avoir un effet émollient (nourrissant) sur la peau, suivie par le squalane qui aura un rôle plus humectant en aidant les cellules épithéliales à capter l'eau.

Mon expérience

Je trouve qu'il se marie très bien avec les autres soins, y compris plus aqueux. Enfin, une légère odeur/parfum végétal s'en dégage que je trouve personnellement frais et agréable, bien que je ne sache pas l'identifier.

La présence de vitamine F - sous forme d'ester d'acide linoléïque - est un plus pour ma barrière cutanée encore fragile, car elle participe au renouvellement et l'entretien de son film hydrolipidique.

Pour ce qui est des effets, il m'est difficile de me prononcer car je n'ai pas ou peu de tâches pigmentaires. Je l'utilise davantage pour ses effets antioxydants et inhibiteurs de mélanogenèse. Et de ce côté-là il est difficile de voir des effets à court ou même à moyen terme. Rendez-vous est donc pris pour dans 10 ans.

Plus sérieusement, ce qui m'intéresse dans ce sérum c'est le fait qu'il puisse s'intégrer à ma routine facilement, qu'il soit agréable à utiliser (combien de fois me suis-je retrouvée à utiliser un sérum vitamine C en m'y sentant obligée) et qu'il ne me provoque pas d'irritation, ce qui est une véritable gageure depuis que ma peau a des flashs de rosacée. Et de ce côté-là, le contrat est parfaitement rempli.


Pour ceux que ça intéresse, je compile ci-dessous tous les dérivés de vitamine C (informations récoltées sur le compte instagram de Jenny Liu alias derm-talk sur Instagram, qui est dermatologue):

- L'acide 3-O-ethyl ascorbique (3=AA): peut être formulé sous forme aqueuse ou dans une émulsion, en respectant un pH de 5.46 (ce qui est nettement moins irritant que les 3.5 de la L-AA. Si son effet antioxydant est un peu en deça de celui de la molécule L-AA, ses propriétés anti-tâches n'ont rien à lui envier!

- L'ascorbyl glucoside (AA-2G): c'est un dérivé auquel on a adjoint une molécule de glucose. Ses effets antioxydants et anti-tâche sont légèrement inférieurs à celui de la molécule L-AA, mais contrairement au 3OAA, il a un effet sur la production de collagène. Il peut être formulé avec un pH de 6.4 sous forme de lotion et de crème.

- Le magnésium/sodium ascorbyl phosphate (sel d'AA): c'est le dérivé pour lequel il existe le moins de données malheureusement. Son avantage est qu'il puisse être formulé à un pH de 7 et sa grande stabilité dans une émulsion.

- Le tétrahexyldecyl ascorbate (THD ou pro-vitamine C): il s'agit d'un précurseur de vitamine C, soluble dans l'huile. Ses propriétés antioxydantes, pro-collagène et anti-tâches sont très bonnes. Il doit être formulé à un pH situé entre 5 et 6. Son avantage est d'avoir une meilleure absorption que le L-AA.

- L'ascorbyl tétraisopalmitate (ATIP, VC-IP): celui-là est soluble dans l'huile avec une durée de consommation de 6 à 12 mois. Ses propriétés antioxydantes, pro-collagène et anti-tâches sont très bonnes. Il doit être formulé à un pH de 4 à 6.

- L'ascorbyl palmitate (ester de L-AA): pour être efficace devrait être formulé sous forme de gel-crème. Ses effets antioxydants et anti-tâches ont peu été étudiés, en revanche il a de bonnes propriétés pro-collagène. Sa stabilité n'est pas très bonne et peu conduire à une potentielle oxydation des lipides et de la barrière cutanée lorsqu'il est exposé aux UVB.

En résumé: les dérivés les plus intéressants, aux effets comparables à ceux de la molécule d'acide l-ascorbique mais sans son instabilité et sa tendance irritante sont l'ascorbyle tétraisopalmitate (ATIP) et le tétrahexydecyl ascorbate (THD).






Commentaires

  1. Yes! Je découvre à l'instant votre blog (via votre Insta, merci Sonia Sélaire poir le partage), et mon dieu que je l'aile déjà! C'est une grande histoure d'amour qui commence entre votre blog, moi et ma peau (très sensible et couperosée entre autre)

    Love & glow. ❤

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    1. Oh merci!! C'est trop gentil! Je sens qu'on va bien s'entendre entre personnes à peau sensible en effet ;-)

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